16 juillet 2018
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Mireille Huchon-Rieu, « Aspects du « français courtisan » de Calvin », Presses universitaires François-Rabelais, ID : 10.4000/books.pufr.7768
L’œuvre de Calvin, considérée dès le milieu du XVIe siècle comme parangon de la langue française, s’inscrit dans l’actualité linguistique de son temps et est en dialogue avec les ouvrages théoriques qui mettent en scène un « français courtisan », à partir du Courtisan de Castiglione, inspiré de l’Orateur de Cicéron, et relayé, pour sa diffusion française, par Étienne Dolet et le grammairien Louis Meigret. Les variantes et les additions de l’Institution de la religion chrétienne concordent dans la recherche d’une illustration du français et la reconnaissance d’une « parfaicte Idée de la langue française ». Ce français idéal consiste, pour Abel Matthieu, qui a étudié le droit à Bourges avec Alciat en même temps que Calvin, et qui est l’auteur de divers Devis de la langue française, dans l’alliance de la langue du peuple et de la liaison du docte, adaptation au « français courtisan » des enseignements des rhétoriques grecques de Demetrios et de Denys d’Halicarnasse. Certains tours de Calvin, récurrents, comme les constructions appositives et attributives qui sont ici examinées, pourraient bien être exemplaires de cette alliance du langage du commun et de la liaison du docte, marque de l’écriture parfaite pour Matthieu, tout comme la brièveté, et dont il avait fait d’Amyot le représentant parfait. Herberay des Essarts, Budé, Amyot en écrivains accomplis ont pâli. Le temps a fait de Calvin l’illustrateur par excellence de la prose française renaissante. Mais c’est dans le contexte de réflexion sur la langue française, sur les modèles, sur la définition d’un idéal de langue, de formalisation qu’il faut replacer l’œuvre de Calvin.