21 février 2024
info:eu-repo/semantics/openAccess , https://www.openedition.org/12554
Michael Perret et al., « Quand la médiation suscite la controverse », Presses universitaires de Liège, ID : 10.4000/books.pulg.24866
Cet article revient sur la controverse autour du journaliste de jeux vidéo Dean Takahashi de VentureBeat, apparue à la suite de la publication d’une vidéo présentant sa prise en main fastidieuse du jeu Cuphead (2017, StudioMDHR Entertainment). Dans ce qui s’apparente à une véritable cérémonie de bashing de la part d’internautes sur l’individu et sa performance, c’est la qualité requise chez un journaliste pour aborder le monde du jeu vidéo qui est dénoncée, et toute la profession des journalistes de jeux vidéo qui se trouve interrogée. Pour comprendre comment la tentative de médiation journalistique se trouve en partie rejetée, notre approche se réfère à l’analyse énonciative de discours et à la sociologie des problèmes publics. Nous présentons d’abord la triple humiliation qu’a subie Takahashi, pour analyser ensuite comment ces opérations participent d’une cérémonie de dégradation publique où Takahashi et sa catégorie d’appartenance professionnelle vont être déconsidérés notablement, prenant en compte le contexte de méfiance récurrente des gamers envers la presse vidéoludique. L’analyse de la controverse éclaire plus généralement le pouvoir symbolique en jeu dans les critiques, à savoir une manière d’imposer aux autres une définition de la situation et d’articuler qui a le droit de parler de jeu vidéo. Quatre ans après le début de la controverse, nous observons que la cérémonie de dégradation qui visait la personne de Takahashi l’a profondément et durablement discrédité aux yeux d’une partie du public. L’évocation de son nom reste aujourd’hui encore synonyme à la fois d’incompétence et d’illégitimité.