25 mars 2022
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Guillaume Tanguy, « “Suiting the pattern to the author’s mood: ” Erasing the line in A Hazard of New Fortunes », Presses universitaires de la Méditerranée, ID : 10.4000/books.pulm.13145
Le propos de cet essai est de montrer que la décision de s’installer à New York coïncide chez William Dean Howells avec une redéfinition de l’art romanesque, comme en témoigne son roman de 1890, A Hazard of New Fortunes. Les récits de la période précédente visaient l’efficacité narrative en soumettant leur matière première — le langage (symbolisé par le minerai extrait par Silas Lapham) — à une gestion rigoureuse ; leur intrigue conventionnelle obéissait à une économie rationnelle et utilitaire. Bien au contraire, A Hazard of New Fortunes est de facture lâche, et le langage, cessant de tracer des lignes de partage séparant les classes sociales, ouvre un champ propice aux relations interpersonnelles. Le héros n’est plus l’individu solitaire s’adonnant à une production méthodique dans son usine, ou résolvant une fois pour toutes son dilemme moral (cf. Silas Lapham), mais une communauté de personnes qui vont et viennent, errent dans les rues sans but précis, sont tour à tour sujet et objet de focalisation, et posent des questions auxquelles ils n’ont pas forcément de réponse. De même que l’individu renonce à passer son existence entre quatre murs—ceux du foyer bourgeois —, le sens ne se laisse plus enfermer par les murs du langage.