23. L’université, école de haut savoir et source de directives sociales

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12 juillet 2018

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Plus s’écoulent les années 1930, plus le Québec, comme le reste du monde, s’enfonce dans une dépression qui paraît sans issue. Cela a un impact dévastateur sur les établissements d’éducation dont les universités. Certains s’interrogent même sur la possibilité de fermer des facultés ou des programmes universitaires qui apparaissent comme des luxes injustifiables alors qu’une proportion importante de la population vit du « secours direct ». La « grande pitié de l’Université de Montréal » dépasse les frontières de la région métropolitaine et provoque de vives inquiétudes jusque dans la Vieille Capitale. Le 13 janvier 1934, l’archevêque de Québec, le cardinal Jean-Marie Rodrigue Villeneuve est invité à prendre la parole devant le Cercle universitaire de sa ville, au bénéfice d’un nombreux et distingué auditoire. Philosophe et théologien, le cardinal Villeneuve (1883-1947), animateur de l’Action catholique, est non seulement le principal leader de l’Église catholique du Canada français, mais un théoricien qui s’efforce de penser les problèmes économiques, sociaux, politiques et culturels de son temps. Ainsi, il n’hésitera pas à soutenir vigoureusement la participation active du Canada à la Deuxième Guerre mondiale, convaincu qu’il est du péril mortel que représentent le nazisme et le fascisme pour le christianisme et la démocratie. Cette position, qui plaît évidemment au gouvernement fédéral, vaudra au cardinal des difficultés avec les nationalistes canadiens-français, y incluant une partie du clergé.Contre ceux qui trouvent que les institutions universitaires coûtent trop cher, le cardinal Villeneuve plaide la nécessité d’universités fortes et développées dont il faut payer le prix. L’Université, dit-il, est non seulement une école de pensée, une école de haut savoir, mais aussi le « cerveau de la nation ». Elle est de plus indispensable pour protéger la jeunesse canadienne-française contre les « thèses morales, scientifiques et sociales les plus diverses [...] qui la sollicitent chaque jour et à tout instant par la presse, le cinéma, la radio » et qui menacent évidemment sa foi.Reprenant à son compte la conception théologique de l’université, le cardinal pousse la thèse à ses ultimes conséquences et assigne aux universités un rôle de magistère : « Nos universités catholiques canadiennes-françaises doivent diriger notre pensée publique », proclame-t-il, et ce, dans tous les domaines. Il consacre donc une longue partie de son allocution à identifier les directives — « du sens religieux, philosophiques, pour les sciences naturelles, dans (’organisation de tout notre enseignement, dans l’ordre économique-social », etc. — que les universités doivent formuler pour éclairer la société et ses élites dirigeantes. La conférence du cardinal Villeneuve sera fréquemment citée dans les deux décennies qui suivent.

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