41. Concentrer L'effort universitaire

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12 juillet 2018

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Association des professeurs de l’Université de Montréal, « 41. Concentrer L'effort universitaire », Presses de l’Université de Montréal, ID : 10.4000/books.pum.13565


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Le 22 octobre 1960, la Gazette officielle du Québec annonce que les collèges Sainte-Marie et Brébeuf, deux établissements des Jésuites, demandent au parlement d’adopter une loi privée fusionnant les deux établissements pour constituer une deuxième université de langue française à Montréal, l’« Université Sainte-Marie ». Les Jésuites estiment que les classes terminales du cours classique qu’ils dispensent dans leurs collèges, de même que les facultés de théologie et de philosophie dans lesquelles sont formés les futurs membres de cet ordre religieux, constituent le noyau suffisant d’une nouvelle université à Montréal. Les Jésuites justifient leur projet par différents arguments : croissance potentielle importante de la population universitaire francophone à Montréal, crise culturelle que vit le Québec en même temps que l’ensemble de l’Occident, opportunité de reconnaître formellement un ensemble d’activités qui par nature sont universitaires, etc. Le projet jésuite esquisse un nouvel établissement qui s’engagerait d’abord dans les facultés « culturelles », à la manière d’un « liberal arts college », en reportant à plus tard l’ouverture de facultés et d’écoles professionnelles.Le projet mis de l’avant par les Jésuites provoque très rapidement d’intenses débats dans une société qui, depuis que les élections du 22 juin1960 ont transféré le pouvoir au gouvernement libéral réformiste de Jean Lesage, est sur le point de s’engager dans un aggiornamento considérable de l’ensemble de ses institutions. La réaction la plus dure au projet de l’« Université Sainte-Marie » vient du milieu universitaire lui-même et, plus spécifiquement, de l’Association des professeurs de l’Université de Montréal qui publie, en janvier 1961, un petit livre intitulé L’université dit non aux Jésuites. Cette démarche leur vaut de multiples appuis, dont celui de leurs collègues de Laval. Ces professeurs laïques, qui subissent encore dans leurs universités la férule de l’Église, sont très agacés à la seule idée que l’Église, par le projet des Jésuites, consoliderait encore son emprise sur l’ordre universitaire. Telle n’est pas toutefois la substance de l’argumentation des opposants au projet de l’« Université Sainte-Marie ». Leur opposition repose sur la conviction qu’« un peuple qui arrive difficilement à maintenir trois universités incomplètes ne se lance pas inconsidérément dans l’aventure redoutable que propose la Compagnie de Jésus ou que pourrait proposer tout autre requérant, clerc ou laïc ». Il faut, au lieu d’éparpiller les maigres ressources que le Québec peut affecter à l’enseignement supérieur, concentrer l’effort de développement universitaire pour faire, par exemple de l’Université de Montréal, « le grand foyer culturel d’où sortiront les forces vives de la nation » et pour « lui donner les dimensions d’une grande institution de réputation internationale ». À court terme, les universités existantes ne sont pas encore menacées de gigantisme ; il n’y a donc pas nécessité de multiplier les établissements. En outre, la création d’une deuxième université entraînerait, dans beaucoup de disciplines, une inutile duplication des efforts et des activités. Ainsi, pour les professeurs de l’Université de Montréal, il faut concentrer et consolider l’effort universitaire dans les établissements existants pour en faire de « grandes institutions de réputation internationale ».

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