50. L’université utopique ?

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12 juillet 2018

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Claude Lagadec, « 50. L’université utopique ? », Presses de l’Université de Montréal, ID : 10.4000/books.pum.13575


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Pour les universités occidentales, les années 1960 s’avèrent à certains moments extrêmement turbulentes. Aux États-Unis, la guerre du Viêtnam et le combat de la communauté noire pour la reconnaissance de ses droits civiques interpellent tes étudiants et les milieux universitaires en général ; ainsi, les liens entre les chercheurs universitaires et les industries produisant du matériel militaire, et les forces armées elles-mêmes, suscitent non seulement de virulentes critiques de la part de certains groupes étudiants, mais aussi un questionnement beaucoup plus fondamental sur les rapports de l’institution avec les pouvoirs en place, ce que l’on appelle aussi le « complexe militaro-industriel », et sur la nature et le rôle des universités. En France, une remise en cause de la société industrielle avancée, de la culture dominante et du pouvoir des « mandarins » dans l’université entraîne en mai 1968 une vaste rébellion de la population étudiante qui fait vaciller sur ses bases le régime du général de Gaulle. Au Québec, les campus des collèges et des universités sont aussi très agités, notamment à l’automne 1968. À une critique du capitalisme et de l’impérialisme des pays occidentaux s’ajoute le mouvement dit de la « contre-culture » qui est aussi une rébellion de la jeunesse contre le monde adulte et ses valeurs éthiques et culturelles. Tout cela nourrit une profonde remise en cause de l’institution universitaire, de sa nature, de son rôle, de son organisation, de ses manières de faire ; ainsi, l’enseignement magistral ulcère une partie, minoritaire mais agissante et bruyante, du corps étudiant qui rêve d’une autre façon d’apprendre. Pour illustrer l’humeur du temps, on peut se rappeler que, le samedi 31 mai 1969, la Société Radio-Canada diffuse tout l’après-midi un grand « teach-in » radiophonique sur le thème de (’« université utopique » en anticipant, en quelque sorte, l’ouverture prévue pour l’automne suivant de la nouvelle Université du Québec à Montréal.Le philosophe Claude Lagadec (1932-2000) participe à ce « teach-in » et essaie d’imaginer ce que pourrait être une « université utopique », bien que l’idée lui paraisse problématique. Lagadec dénonce sans ménagement ’université québécoise : « [...] école de métier et école normale pour privilégiés caractérisée par son isolement au sein de la société, et par un type de gestion propre à l’entreprise privée. » Il affirme aussi que l’« université s’industrialise » en ce sens qu’elle deviendra « la chaîne d’assemblage des détenteurs privilégiés du savoir », destin auquel ne pourra échapper la nouvelle Université du Québec. Rejetant l’université existante, Lagadec tente d’imaginer une université radicalement nouvelle, comme « école de création de savoir » plutôt que de simple transmission. Rejetant la salle de cours traditionnelle, l’auditorium — « le symbole même du cours magistral et du savoir transmis » —, Lagadec évoque l’université bâtie « autour d’un ordinateur conçu comme une vaste banque d’information ». L’université dont il rêve « supprime les dominations et les rend impossibles » et, radicalement décentralisée, ouverte et accessible, elle brise les rapports de pouvoir dont bénéficient une minorité de privilégiés. Ces propos de Claude Lagadec résument une aspiration à une université profondément différente de celle qui existe ; en ce sens, il exprime une conception que l’on ne peut qualifier que d’utopique.

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