52. L’université critique et révolutionnaire

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12 juillet 2018

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Stanley Gray, « 52. L’université critique et révolutionnaire », Presses de l’Université de Montréal, ID : 10.4000/books.pum.13578


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À la fin des années 1960, une fraction du mouvement étudiant québécois adopte des positions sur l’université qui en expriment une vision que l’on peut qualifier de révolutionnaire, en ce sens non pas d’abord ni essentiellement qu’elle se démarque avec force d’autres visions de l’université, ce qui est bien le cas, mais plutôt parce qu’elle veut confronter l’université aux deux seuls choix qui lui soient possibles : servir le capitalisme impérialiste, dont la guerre du Viêtnam illustre les inéluctables conséquences, ou servir la création d’une autre société, d’un autre ordre économique, social, politique et culturel. Il n’y a pas de moyen terme possible. L’idée que l’université puisse occuper un espace neutre, à l’extérieur en quelque sorte de la société et des forces antagonistes qui s’y affrontent, l’idée de liberté académique et d’autonomie institutionnelle sont des illusions qui occultent, en fait, la solidarité de l’institution avec les puissances économique et politique dominantes. Ou l’université consent à ce pacte avec le diable ou elle devient révolutionnaire. Telle est la position que tient Stanley Gray en 1969. Né à Montréal en 1944, Gray est diplômé de McGill et d’Oxford. Professeur au Département de science politique de McGill à compter de 1967, il soutient la grève étudiante dans ce département en 1968 et il joue un rôle important dans l’organisation de l’« Opération McGill français » qui, en mars 1969, envahit le campus et réclame la francisation de l’établissement. Quelques semaines plus tôt, il avait participé à une manifestation perturbant une assemblée du Conseil des gouverneurs de McGill. Il s’ensuit que Gray est congédié pour avoir « délibérément empêché le fonctionnement de l’université ». Pour Gray, l’idée de « neutralité institutionnelle » ou celle d’« université pluraliste » constituent une « façade derrière laquelle la direction [de l’université] cache le soutien matériel et intellectuel considérable qu’elle apporte aux forces régressives du monde ». Il faut donc que l’université devienne « un agent de libération tant pour ses propres étudiants que pour la communauté environnante ». Il faut instituer une « université critique » qui se consacre à la libération de l’humanité plutôt qu’à sa répression ; il faut que l’université, par son activité de recherche et de formation, s’associe aux « luttes et aux objectifs des classes opprimées et exploitées » ; il faut qu’elle fasse cause commune avec la classe ouvrière et ses organisations pour créer une nouvelle société. Ainsi, dit Gray en référence aux conflits du moment, les spécialistes en sciences sociales devraient se mettre à la disposition du Front national de libération du Sud-Viêtnam engagé dans une lutte implacable contre l’impérialisme américain. Telle est la vision révolutionnaire de l’université proposée par Stanley Gray. D’autres étudiants et des professeurs, anglophones et francophones, minoritaires les uns et les autres, partagent cette vision. Mais, il est intéressant de la voir formulée par un diplômé issu de la plus ancienne et de la plus riche université du Québec et de l’une des plus prestigieuses universités britanniques.

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