23 janvier 2018
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/restrictedAccess
Luc Charles-Dominique, « La patrimonialisation musicale française à l’épreuve du nomadisme des Roms », Presses de l’Université de Montréal, ID : 10.4000/books.pum.9064
La dimension territoriale joue un rôle essentiel dans la représentation identitaire. Or, depuis les premières grandes politiques patrimoniales du XIXe siècle en Europe, cette territorialisation a évolué d’une idée abstraite, nationale, vers une perception plus locale, consacrant ainsi la notion de « pays ». Au XIXe siècle et durant une grande partie du XXe siècle, ce localisme renvoie à la ruralité, pensée alors comme espace autarcique, à « horizons limités ». Pourtant, une étude différente de l’histoire culturelle et sociale européenne montre que l’Europe est largement ouverte, depuis le Moyen Âge au moins, à l’itinérance, aux influences extérieures de toutes sortes, en particulier à celles des Tsiganes, présents en France dès le début du XVe siècle. Du coup, c’est à la fois l’histoire de la musique, de la danse et l’ethnomusicologie européennes qu’il faut reconsidérer, en s’interrogeant sur les territoires de ces disciplines et leurs patrimoines scientifiques. Par ailleurs, si l’un des paradigmes de la patrimonialisation est la territorialisation, que peut-il advenir des musiques tsiganes, elles qui sont « sans territoires fixes » et qui, plutôt que de singulariser, comme le font tous les objets culturels patrimonialisés, s’expriment toujours dans un langage musical double, à la fois expression de la différence et langage syncrétique ?