« Mi sang français et italien »

Résumé Fr En

En 1894, peu après l’assassinat de Sadi Carnot, le préfet des Bouches-du-Rhône, Jules Deffès, adresse au ministère de l’Intérieur un rapport sur l’insécurité à Marseille, dans le but que soit nationalisée la police municipale marseillaise. Cet article porte sur les ressorts de l’expertise préfectorale, entre discours sur soi et discours sur le territoire, et sur les représentations négatives de Marseille et des Marseillais, pour ce représentant très conservateur de la haute fonction publique. Sa vision de la société marseillaise d’alors, et des nervis en enfants naturels abandonnés, « mi sang français et italien », traduit trois peurs très caractéristiques de la fin du siècle : celles bien connues de la délinquance juvénile et du cosmopolitisme, mais aussi celle moins travaillée du métissage franco-italien, qui résulte inévitablement de la présence d’une importante communauté italienne, solidement implantée.

Shortly after Sadi Carnot was assassinated, in 1894, the prefect of the Bouches-du-Rhône, Jules Deffès, gives a report on insecurity in Marseilles to his minister in charge, in order to take control of the city police powers. This paper is about prefectorial expertise but it deals also with the distorted image of Marseilles and its population, to which a conservative senior civil servant as Deffès may adhere. Notably describing “nervis” (young local bad boys) as “waifs, love childs, and franco-italian mixed-blood", Deffès’ report shows three typical fears of the ending 19th century: the fear of youthful offenders and cosmopolitism and the probably less familiar fear of miscegenation.