9 décembre 2020
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Thierry Pastorello, « Entrepreneurs de morale et homosexualité à Paris au xviiie siècle », Presses universitaires de Provence, ID : 10.4000/books.pup.17747
Au cours du xviiie siècle, les archives de police de Paris réunissent des témoignages sur des homosexuels qui ont été appréhendés dans des lieux publics. Ces contrôles de police font intervenir deux types d’entrepreneurs de morale : le policier et le juge. La hiérarchie policière à Paris part du lieutenant général de police qui assume la responsabilité de toutes les charges de police ; puis, des commissaires du Châtelet qui reçoit les plaintes ; enfin, des inspecteurs qui procèdent aux enquêtes. Si, au cours du xviiie siècle, le crime de sodomie s’éteint progressivement, les sodomites les plus notoires peuvent être en revanche incarcérés : au Châtelet ou à l’hôpital prison de Bicêtre. Pour les autres, les peines peuvent se limiter d’une simple réprimande à une relaxation pure et simple. Cette action répressive produit un discours sur les homosexuels masculins. Certains manuels de droit font mention des sources théologiques. En examinant les sentences des affaires Benjamin Deschauffours (1726), de Bruno Lenoir et Jean Diot (1750), il se dégage l’image d’hommes ayant des mœurs particulières tendant à l’exclusivité. Le policier doit affirmer la spécificité de sa mission et définit le sodomite par ses exhibitions sexuelles, ses excès vénériens, ses gestes et goûts spécifiques. Enfin, l’infâme devient emblématique d’une menace de corruption à l’encontre des jeunes générations.