11 décembre 2020
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Nancey-Quentin de Gromard Marie-Gabrielle, « Le salut par le langage », Presses universitaires de Provence, ID : 10.4000/books.pup.19639
Le Vrai Sang de Valère Novarina emprunte par bien des aspects au mystère médiéval. Le dramaturge semble vouloir réactiver une supposée origine liturgique et rituelle du théâtre en empruntant motifs et structure au mystère médiéval tout en les infléchissant vers une réflexion sur le langage. Le Vrai sang nous montre en effet le sacrifice du personnage, dévoré jusqu’à l’évidement par la prolifération de son discours. Tenté par le nihilisme, en proie à une angoisse métaphysique, le personnage novarinien trouve finalement son salut par le langage, qui s’avère être le « vrai sang » capable de régénérer le « vieil Adam ». Novarina semble ainsi avoir retenu du mystère médiéval sa vocation à réaliser l’être par le théâtre. De même que le mystère était traditionnellement « farci » d’intermèdes comiques, la pièce emprunte également à la farce sa visée satirique afin de dénoncer l’usage techniciste de la langue par la communication contemporaine.