17 décembre 2020
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Audrey Lemesle, « La réécriture du Cantique des cantiques dans La Marche », Presses universitaires de Provence, ID : 10.4000/books.pup.23909
La Marche est le second texte théâtral écrit et mis en scène par Koltès en 1970 pour sa troupe du Théâtre du Quai. Réécriture du Cantique des cantiques élaborée à partir de la traduction d’Henri Meschonnic, la pièce est marquée par un fort hermétisme. Le dramaturge, en faisant alterner le duo des époux – emprunté à Meschonnic – et celui, inventé, des fiancés, surenchérit en effet sur la complexité de l’hypotexte biblique. Si la pensée mystique qui fascine Koltès au moment de l’écriture de La Marche éclaire le sens de la quête d’amour des personnages sur scène, le dramaturge bâtit sa pièce sur une structure énigmatique et laisse sciemment le sens littéral de la fable aussi bien que les problématiques abordées par la pièce dans l’indétermination. Œuvre de jeunesse, La Marche apparaît surtout comme une expérimentation dramaturgique qui fait une large place au travail sur le sensible. C’est donc en se demandant, dans un double mouvement, comment la forme théâtrale a été mise au service de la lecture koltésienne du Cantique et en quoi le matériau biblique a permis une expérience théâtrale qu’il s’agira d’étudier l’une des premières réponses apportées par Koltès à l’épineuse question de l’amour et du désir.