15 octobre 2021
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Bruno Pottier, « La mort du tyran et de l’usurpateur aux IVe et Ve siècles », Presses universitaires de Provence, ID : 10.4000/books.pup.43850
Sous le principat, les usurpateurs étaient le plus souvent décapités pour maiestas. Toutefois, la violence de la plèbe romaine à l’encontre des tyrans ou de leurs cadavres était aussi tolérée en tant qu’expression de violence légitime. Ces rituels de violence ont été maintenus au ive siècle dans les capitales impériales, comme l’attestent les cas de Maxence à Rome en 312 et de Rufin à Constantinople en 395. L’historiographie chrétienne a aussi introduit un nouveau thème : le châtiment divin pour les tyrans ayant persécuté l’Église, par exemple Valens. Cependant, à la fin du ive siècle, un nouveau discours est apparu, notamment dans l’Historia Augusta, distinguant d’une part les usurpateurs involontaires ou utiles pouvant être pardonnés, et d’autre part les tyrans comparables aux voleurs professionnels (latrones) méritant les tristement célèbres summa supplicia. Le traitement fait par le panégyriste Pacatus de la mort de Maxime en 388 juxtapose tous ces discours différents et contradictoires, illustrant la perplexité croissante du pouvoir impérial dans sa relation avec l’opinion publique. Cela explique l’émergence de solutions alternatives vis-à-vis des usurpateurs au ve siècle, comme par exemple l’exil et la mutilation d’Attale en 416, ou l’ordination dans l’Église qui est devenue emblématique de la période byzantine.