19 novembre 2020
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Yannick Gouchan, « Au-delà de l’Italie et l’au-delà du monde », Presses universitaires de Provence, ID : 10.4000/books.pup.8328
Vittorio Sereni (1913-1983) a été confronté à une marginalisation forcée du cours de l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale et de la Résistance en Italie, enfermé dans un camp de prisonniers en Afrique du Nord entre 1943 et 1945. Le sentiment d’être resté en deçà de l’histoire en marche se renforcera par une culpabilité qui, de ce fait, lui permet de se placer souvent "au-delà", c’est-à-dire sans devoir faire des choix idéologiques ou politiques dans la culture italienne fortement conditionnée des années 1950 et 1960. De plus, c’est depuis un Ailleurs qu’il considère et analyse le monde de l’après-guerre et ses désillusions (lors de fréquents voyages professionnels en Allemagne ou en Hollande). Mais la notion d’Ailleurs peut également être étudiée dans le rapport que le poète entretient avec l’au-delà, les disparus, dont la "présence absente" parcourt l’écriture (souvent dans des lieux précisément en marge, comme la plage ou la rive). Le corpus qui est pris en examen comporte des poèmes écrits entre les années 1940 et les années 1980, mais aussi des textes en prose – intimement liés au vers – qui pourraient constituer une sorte d’Ailleurs de l’écriture par rapport à la poésie (le volume des proses est justement intitulé La tentation de la prose).