3 juin 2022
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Maria Stavrinaki, « Un esthète barbare : Wyndham Lewis face à la guerre », Presses universitaires de Paris Ouest, ID : 10.4000/books.pupo.15770
La figure vorticiste du « barbare » était dialectiquement issue de l’esthétisme moderniste britannique, car elle en signifiait la suppression et le dépassement. L’idéal féminin et domestique des intérieurs bourgeois du cercle Bloomsbury autour de Roger Fry était converti en virilité, leur modernité hésitante en modernisme agressif, leur temporalité intermédiaire entre la fin de l’ère victorienne et le début de l’ère des masses en conscience post-historique. Pour Lewis, la fin du monde d’hier imposait le début d’une nouvelle barbarie, consciente de surcroît de sa supériorité nordique. Esthète jusqu’au bout des ongles, Lewis a participé à la guerre, sans en revendiquer une quelconque paternité : il l’a suivie, indifférent, avec cette impassibilité qui en l’occurrence n’était pas propre aux automates, mais aux dieux.