3 juin 2022
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Alice Michel, « Women Others in the South Seas: Robert Louis Stevenson’s « The Beach of Falesá » and Elinor Mordaunt’s Father and Daughter », Presses universitaires de Paris Ouest, ID : 10.4000/books.pupo.16977
Trente-six ans séparent « The Beach of Falesá » (1892) de Robert Louis Stevenson et Father and Daughter (1928) d’Elinor Mordaunt et pourtant tous deux proposent une intrigue similaire portant sur une union interethnique dans les Mers du Sud. Ces fictions offrent des schémas relationnels semblables et en ce sens méritent d’être comparées. Ces deux romances coloniales représentent en effet des mariages mixtes, entre hommes britanniques et femmes natives des Mers du Sud (le marchand Wiltshire et Uma, originaire de l’île imaginaire de Falesá dans « The Beach of Falesa » et l’entrepreneur Gerald Hanson et Aloula, originaire de Java dans Father and Daughter). De façon notable, le roman de Mordaunt se fait l’écho inverse du conte de Stevenson, en représentant aussi un couple composé d’une femme britannique, Laura, et d’un homme originaire de Minahassa, Darain. Si l’altérité est représentée comme plus facilement acceptée lorsqu’elle se rapproche de la norme, les deux histoires proposent cependant une déconstruction partielle des représentations conventionnelles des femmes comme Autres. Ces fictions tendent aussi vers une inversion des stéréotypes coloniaux et genrés afin de remettre en cause les discours impérialistes et patriarcaux qui alimentent l’exclusion de l’Autre ethnique et sexuel. Cet article, qui se concentre sur une analyse de la représentation des personnages féminins, a pour objectif de démontrer que les fictions de Stevenson et de Mordaunt sont construites de façon similaire autour d’une tension entre leur conformité et leur rejet des discours coloniaux et patriarcaux.