15 janvier 2021
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Christophe Gauchon, « Territoires « dé-touristifiés » des montagnes françaises : quels enseignements ? », Presses universitaires de Perpignan, ID : 10.4000/books.pupvd.34489
Entre les années 1930 et les années 1960 sont apparus dans les montagnes françaises des centaines de petits centres de ski alpin. Ces centres sont souvent restés assez marginaux sur le plan économique, mais ils se caractérisaient par un fort ancrage local et territorial : le village qui possédait un ou deux téléski se distinguaient des visages voisins qui ne s’en étaient pas dotés. Or, depuis les années 1980-90, des dizaines de ces centres disparaissent régulièrement, à la fois parce qu’ils ont de moins en moins en leur place dans l’évolution économique du tourisme des sports d’hiver, et aussi parce qu’ils sont plus vulnérables aux aléas de l’enneigement. L’Observatoire national du Tourisme recense la disparition de 68 centres de ski alpin entre 1996 et 2006, soit presque 1 sur 5 ! Certains remontées mécaniques sont abandonnées sur place, d’autres sont démontées après un délai plus ou moins long : comme pour les bateaux, on parle alors de « désarmement ». Ainsi, se referme une parenthèse de vingt à quarante ans pendant lesquels ces centres avaient participé, fût-ce modestement, à L’économie touristique, au risque de se retrouver aujourd’hui dans un statut peu enviable de communes de moyenne montagne plus ou moins isolées... Certes, les pistes de reconversion existent parfois, parmi lesquelles la mise en valeur de ressources patrimoniales, ce qui suppose de reformuler l’intérêt touristique, ou le glissement vers activité estivale beaucoup plus extensive... L’étude s’appuiera sur le cas d’Abondance (Haute-Savoie) dont la municipalité a décidé de fermer le domaine skiable à l’issue de la saison 2006-2007. Cet événement permet de vérifier les hypothèses que nous avions formulées autour de la vulnérabilité des territoires touristiques, en analysant d’une part les facteurs qui ont conduit à cette cessation d’activité, d’autre part les impacts de cette fermeture sur le territoire. Le mouvement de fermeture de stations petites et moyennes paraît assez inéluctable. Il mérite d’être étudié, non seulement sous L’angle de la géographie du tourisme en espace rural, mais aussi en termes de perception du territoire touristique, tant par les locaux que par les touristes eux-mêmes. Ces téléskis avaient été accueillis en leur temps comme des signes de modernité. Leur arrêt, et parfois leur démontage, apparaît comme une régression, obligeant à redéfinir les liens au territoire : le jeu des acteurs se réorganise, les uns résistent à la fermeture, d’autres préfèrent l’accompagner.