18 juillet 2019
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Isabelle Guillaume, « La France des jeunes Anglais dans la seconde moitié du XIXe siècle : un territoire en mutation », Presses universitaires de Rennes, ID : 10.4000/books.pur.116694
Au moment où Jules Verne fixe, de manière pérenne, les contours d’un type britannique, des auteurs anglais fabriquent, symétriquement, des représentations de la France à l’intention des jeunes lecteurs. Ils font circuler l’image, séduisante et amusante, d’un pays des arts et de l’art de vivre, de l’élégance et de la gastronomie, peuplé d’habitants polis, gais et volubiles. Cependant, un regard rétrospectif sur l’histoire de leur voisine continentale inspire aux Anglais un double effroi. En observant le passé français, les Anglais voient une série ininterrompue de conflits avec leur propre pays et une alternance entre répression et explosion de violence populaire. Les romans historiques que les Anglais écrivent pour leurs jeunes compatriotes jouent alors un rôle pédagogique et civique. Ils montrent la France comme un territoire géographiquement proche mais radicalement différent de l’Angleterre. Mais, à l’issue de siècles de conquêtes et de guerres, les romans écrits pour la génération qui représente l’avenir proposent aussi un mode de relation inédit avec la France, si proche et si lointaine. En tissant des liens amicaux et conjugaux entre Français et Anglais, les romanciers suggèrent que l’altérité française n’est pas seulement une menace d’affrontement, qu’elle est aussi un gage de complémentarité.