10 avril 2019
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Bernard Roukhomovsky, « Du bien voir au bien dire, et vice versa », Presses universitaires de Rennes, ID : 10.4000/books.pur.52105
Témoin d’une époque qui fut, au seuil de la modernité, celle d’une profonde « mutation du visible » (selon la formule de Philippe Hamou), le livre de La Bruyère est tout entier sous-tendu par le projet d’une éducation du regard. C’est à ce dessein central que répondent les options rhétoriques et stylistiques du moraliste : sa décision de s’inscrire dans la tradition des caractères, mais aussi, et concurremment, sa dette à l’égard du genre épigrammatique. Et ce rapport d’étroite intrication entre l’art du bien dire et celui du bien voir n’est pas à sens unique : si le dispositif textuel des Caractères procède du regard qui le requiert et le façonne, il est aussi, en retour, l’espace où ce regard s’essaie, s’ajuste, s’aiguise – en un mot, s’exerce.