10 avril 2019
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Adèle Cassigneul, « Voir, observer, penser », Presses universitaires de Rennes, ID : 10.4000/books.pur.52110
Ce chapitre a pour point de départ la relation que Virginia Woolf entretenait avec les images : prises de vue et conception d’albums photos depuis sa plus tendre enfance, rédaction de « The Cinema », conception d’un roman, Orlando, illustré de photographies et de reproductions de tableaux, et création de scrapbooks (albums de coupures de presse) en vue de l’élaboration de son essai Trois guinées. Par son vouloir voir passionné, Woolf impose son point de vue. Il s’agit pour elle de percevoir, donc de sentir le monde ; il s’agit d’observer, donc de comprendre le monde. Son écriture est ici analysée comme étant traversée d’images (diégèses, cadres narratifs, lecture) et sous-tendue d’une « poéthique » de la révélation. La révélation est à la base du dispositif texte/image dans Trois guinées, où l’auteure souhaite éveiller les consciences de ses contemporains aux atrocités de la guerre ainsi qu’à l’inégalité homme-femme. Le texte s’offre alors à notre regard et nous enjoint à une lecture éclairante et participative. Il met en place une convergence de l’œil du narrateur et de l’œil du lecteur par une écriture d’images, véritable « imageographie ».