Les échos de l’histoire : la poétique des analogies dans Les Égarés d’André Téchiné

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23 avril 2019

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Dieter Merlin, « Les échos de l’histoire : la poétique des analogies dans Les Égarés d’André Téchiné », Presses universitaires de Rennes, ID : 10.4000/books.pur.52413


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Pourquoi Téchiné a-t-il dédié son film Les égarés (Strayed, F/GB 2003) à la romancière et théoricienne lesbienne Monique Wittig (1935-2003) ? Il y a à cela des raisons profondes qui dépassent le simple fait que Wittig, colocataire de Téchiné à Paris au cours des années 1960, est morte l’année où le film a été réalisé. Les textes de Wittig, connus surtout du grand public par la lecture critique qui en est faite dans le livre Gender Trouble (1990) de la philosophe américaine Judith Butler, peuvent être considérés comme un plaidoyer pour l’abandon des catégories traditionnelles de genre. Dans l’essai The straight mind (1980), l’argumentation de Wittig aboutit à l’hypothèse selon laquelle « Une lesbienne n’est pas une femme » – affirmation paradoxale qui entend mettre en cause les classifications hétérosexuelles et patriarcales du langage courant.À première vue, les événements racontés dans Les égarés, adaptation cinématographique du roman Le garçon aux yeux gris (2001) de Gilles Perrault, ne semblent pas recouper cette thématique caractéristique des textes de Wittig. Le film pose d’abord un problème de « diégétisation » aux auditeurs-spectateurs : quel lien y a-t-il entre d’une part la « grande histoire », le bombardement d’un convoi de réfugiés par les Allemands en juin 1940 et le début de la collaboration des autorités françaises et allemandes dans la zone occupée, et d’autre part l’histoire d’amour entre Odile (Emmanuelle Béart), veuve de guerre fuyant Paris avec ses deux enfants, et Yvan (Gaspar Ulliel), jeune délinquant qui sauve la vie de la petite famille d’Odile ?Un réseau d’analogies entrelacées à l’intérieur des structures du récit filmique et subvertissant avec subtilité la surface naturaliste évoquée par les données audiovisuelles – procédé esthétique que Téchiné emprunte au théâtre anti-aristotélicien de Brecht – permet pourtant de soutenir une interprétation qui intègre dans une perspective commune les signes de l’idéologie de Wittig, les événements historiques et l’intrigue amoureuse, tout en respectant l’hétérogénéité profonde de ces trois aspects qui, dans le film, déterminent la dramaturgie des personnages.

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