9 avril 2019
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Yann Lignereux, « Henri IV anecdotique ? », Presses universitaires de Rennes, ID : 10.4000/books.pur.53910
Les guerres de Religion ont été marquées par des usages extrêmes de la langue politique. Derrière l’invective et le pamphlet des provocations verbales ébranlant l’ordre public garanti par le roi, il faut entendre la faillite d’une politique royale de la parole humaniste et l’argument pour les officiers royaux de faire entendre leur voix dans l’expression de la Souveraineté. À l’occasion de l’enregistrement de l’Édit de Nantes durant l’hiver 1598-1599, Henri IV mène un double combat visant à restituer au monarque l’efficace et l’autorité d’une Parole par laquelle doit se construire le régime commun de la différenciation religieuse. En accueillant au Louvre, le 7 janvier 1599, la délégation des parlementaires parisiens par un discours inouï, le premier Bourbon fait de l’anecdote la pierre fondamentale de la pacification de son royaume construisant la légitimité politique des Temps modernes sur un acte de langage principiel et absolument instituant.