26 avril 2019
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Jean-Marie Fritz, « Clochettes des parures et des montures : de la redondance à la senefiance », Presses universitaires de Rennes, ID : 10.4000/books.pur.54682
Les clochettes ou grelots – qu’il est difficile de distinguer les uns des autres dans un texte littéraire – apparaissent fréquemment sur les harnais des chevaux des Sarrasins dans la chanson de geste et des palefrois des héroïnes dans le roman aux XIIe et XIIIe siècles. Ce détail semble souvent redondant ; il ne fait que rajouter une composante sonore au portrait d’un héros ou d’une héroïne à la puissance ou à la beauté hyperbolique. Mais ces clochettes sont aussi un signe à part entière. Elles peuvent être liées à la sacralité, à la marginalité ou à la féerie ; elles tracent ainsi une limite entre deux univers. De plus, leur tintement n’est pas toujours harmonieux, clair et lumineux, il est également mis en relation avec le monde des ténèbres, comme les clochettes de la maisnie Hellequin. Cette ambivalence acoustique – musique ou bruit, mélodie ou fracas - se vérifierait sur le plan allégorique : les clochettes peuvent être emblèmes d’Orgueil ou d’Humilité, des signes de Coquetterie ou des marques de la Foi.