10 juillet 2019
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Vivien Bessières, « Chapitre XIX. Socrate et Augustin, deux figures de maîtres antiques dans l’Encyclopédie historique de Roberto Rossellini », Presses universitaires de Rennes, ID : 10.4000/books.pur.56035
Dans L’être, l’homme, le disciple (Paris, PUF, 2000), Francis Wolff inaugure un nouveau concept de la « figure » qui lui permet de sortir du dilemme entre l’inscription historique des idées antiques et leur contenu atemporel. La « figure » dialectique du disciple socratique, qui apprend à désapprendre, donne ainsi à penser à la fois une réalité ancrée dans l’Antiquité et un type de relation au maître possible pour tous les temps.Dans ses téléfilms de l’Encyclopédie historique (RAI, 1966-1975), Roberto Rossellini, le maestro du néoréalisme, se fait le disciple socratique des maîtres à penser qu’il met en scène. C’est comme si la caméra, passant du cinéma à la télévision, retrouvait un regard neuf, naïf, sachant qu’il ne sait rien. L’art pauvre de l’Encyclopédie historique, troquant les sens contre le sens, refuse au champ visuel la profondeur, pour la rendre au champ intellectuel, à la richesse philosophique. La figure de Socrate et celle d’Augustin, double religieux de la première, tiennent dans l’entreprise une position magistrale, qui fait signe en creux vers la position du réalisateur lui-même.Comment Rossellini a-t-il mis en scène Socrate et Augustin ? Quelles figures de maîtres s’en dégagent ? Que disent-elles des rapports de pouvoir ambigus entre maîtres à penser de la discipline philosophique et « maîtres à sentir » des disciplines artistiques ?