3 septembre 2020
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Éric Vallet, « Les messagers du grand large. Ambassades et ambassadeurs entre mer Rouge et océan Indien (VIIIe-XVe siècle) », Presses universitaires de Rennes, ID : 10.4000/books.pur.62186
Des rives de la mer Rouge à celles de la mer de Chine, le monde de l’océan Indien est souvent présenté aujourd’hui comme une aire d’échanges continus et intenses tout au long du Moyen Âge. Si ce fait est indéniable du point de vue de l’histoire du commerce, il reste encore largement à explorer du point de vue politique et diplomatique. La présente étude se concentre plus particulièrement sur la circulation des ambassades et ambassadeurs entre les États de l’Islam arabique et proche-oriental bordant la mer Rouge (Égypte, Hejaz, Yémen) et ceux de l’Asie côtière méridionale et orientale. Longtemps marquées par des contacts ponctuels et discontinus, principalement ancrés dans l’imaginaire impérial de l’Islam des premiers siècles, ces relations diplomatiques indo-océaniques s’affirment de façon plus structurée au cours de la seconde moitié du XIIIe siècle, une période charnière à laquelle nous consacrerons la majeure partie de l’étude, en partant du cas peu étudié jusqu’à présent d’une ambassade ceylanaise envoyée vers l’Égypte en 1282-1283. L’observation approfondie de cet échange diplomatique sans lendemain permettra ensuite de prendre plus exactement la mesure des transformations à l’œuvre au cours des XIVe et XVe siècles, qui virent l’affirmation d’une nouvelle polarité mecquoise dans l’espace indo-océanique. De figures étrangères et exotiques, les messagers venus du large en viennent ainsi à prendre de nouveaux traits, ceux d’hommes pleinement intégrés au monde de l’Islam, tout en restant capables de jouer de l’entre-deux culturel et linguistique, dans le monde pluriel et divers de l’océan Indien prémoderne.