4 juin 2019
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Jean-Yves Carrez-Maratray, « Quand les héros deviennent dieux : un cas de métissage gréco-égyptien », Presses universitaires de Rennes, ID : 10.4000/books.pur.89428
Dans un papyrus bilingue récemment réédité et datant de la haute époque ptolémaïque, deux hommes au nom grec correspondent dans cette langue mais choisissent de rapporter leurs rêves en égyptien démotique. Leur lettre nous introduit au cœur d’une catégorie particulière de métis de l’Antiquité, les « Grecs d’Égypte » ou « Hellénomemphites », nés d’un mariage mixte entre un père grec et une mère égyptienne. Le dieu qu’ils invoquent s’appelle « Psaïs (Destin) le Grand dieu », dont l’équivalent grec est « Agathos Daïmôn (Bon génie), theos megas ». Cette figure est elle-même une sorte de métis, associant les aspects d’un dieu égyptien et d’un héros grec. Elle illustre la manière par laquelle ces métis se sont créés leur propre panthéon, de manière à avoir des protecteurs locaux adaptés à leur double culture. Dans le Delta égyptien, « interface » géographique par excellence, ce type de construction religieuse fut mis en œuvre au sein de sanctuaires de confins comme ceux de Canope, de Péluse et de la région Memphite. On peut même l’observer jusqu’à l’époque romaine, dans la déification d’Antinoos, le favori d’Hadrien.