26 novembre 2018
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Sandrine Blondet, « « Admirez avec moi ce merveilleux spectacle ». Sur Andromède, La Toison d’or et Psyché », Presses universitaires de Rouen et du Havre, ID : 10.4000/books.purh.10284
Les trois pièces à machines de Corneille s’inscrivent sans solution de continuité dans l’ensemble de sa production. Outre le recours à la mythologie, qui suscite sans l’imposer le registre merveilleux, la mutation est lisible dans la perspective que tisse la permanence du personnage de Médée, depuis la tragédie de 1635 jusqu’à La Conquête de la Toison d’or de 1661. La première repose sur une prolifération du discours mythologique, qui lui fait raconter ce que La Toison d’or montre : les charmes de la sorcière n’y sont plus relayés par le discours, mais y ont un effet immédiat. Médée y révèle sa cruauté, qui la rapproche, par ailleurs, de la Cléopâtre de Rodogune. Cette parenté des deux héroïnes rappelle le rapprochement qu’instaure Corneille lui-même entre tragédie unie et genre à machines, par le biais des « beaux vers », qui se verraient exclus du second comme si leur noblesse intrinsèque, purement verbale, entrait en conflit avec le spectacle sensible et ostensible des machines. Plus qu’une hiérarchie de valeur, c’est une autre conception du spectacle qui se joue, dont l’épanouissement accusera les disparités des deux genres tragiques et verra naître la tragédie lyrique.