26 novembre 2018
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Alexander Roose, « Au-delà de la vertu », Presses universitaires de Rouen et du Havre, ID : 10.4000/books.purh.10482
Si Horace est considéré par la plupart des lecteurs de Corneille comme l’incarnation du néo-stoïcisme cornélien, le vaillant héros n’est pas le seul personnage de la pièce dont le discours et les actes entrent en résonance avec le célèbre traité du philosophe néo-stoïcien, Juste Lipse, De la constance. Au contraire, il semble bien que cet intrépide guerrier est le moins philosophe, le moins sage de tous, même s’il paraît incarner par son impassible vertu, la hauteur et la détermination qu’appellent les sages stoïciens de leurs vœux. Tout se passe comme si Corneille voulait mettre en scène, par le paradoxe, la nécessaire réflexion et le travail continu que demande la véritable constance. Aussi nul personnage n’incarne-t-il davantage ce difficile exercice que Sabine, consciente des rôles divers que l’on a à jouer, et tâchant de ne pas oublier, contrairement à Horace, la compassion et l’humanité. En outre, cette pièce permet de comprendre, grâce à l’intervention finale du roi, comment se met en place le système de la « gouvernementalité » (Michel Foucault). Le néo-stoïcisme cornélien se présente dès lors non seulement comme la synthèse de la vertu stoïque et des principes chrétiens mais aussi comme une nouvelle conception de l’homme d’État idéal.