28 août 2018
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Perry Gethner, « Perversions de l’amour galant dans les tragédies de Thomas Corneille », Presses universitaires de Rouen et du Havre, ID : 10.4000/books.purh.488
L’amour galant survit dans les tragédies de Thomas Corneille, mais cette passion, quoique sincère, se laisse souvent contaminer par l’égoïsme, la manipulation et la tromperie. Il y a au moins un personnage important qui tient aux valeurs chevaleresques, mais la plupart des amants n’y croient pas. Thomas présente toute une gamme de transgressions : un amant vertueux jouit de l’épreuve infligée à sa bien-aimée et la prolonge indûment ; un trompeur a honte d’avouer à la femme trahie qu’il l’abandonne mais refuse de jurer fidélité à l’objet de sa nouvelle flamme ; un amant hypocrite et machiavélique espère gagner par la ruse la main d’une femme dont l’idéologie politique est incompatible avec la sienne ; un amant criminel exerce un chantage sur celle qu’il aime et traite avec mépris sa fiancée qu’il n’aime pas ; un amant sincère, loin de s’inquiéter de l’immoralité de sa bien-aimée, obéit à ses ordres criminels et fait ravager le pays par un monstre. Dans la majorité des cas, la mauvaise conduite des amants est inventée par le dramaturge, désirant remettre en question l’idéologie de la galanterie, qu’il considère comme ni universelle ni toujours pure.