19 septembre 2019
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Angélique Pérès, « Critique et légitimation du voyage dans les utopies narratives, de Platon à Veiras », Presses universitaires de Strasbourg, ID : 10.4000/books.pus.5202
À l’Âge Classique, le roman est un genre décrié tant du point de vue moral que philosophique ou esthétique. Pourtant, les récits de fiction se multiplient – et les fictions viatiques ont un immense succès. Les réécritures de L’Utopie de More au cœur de l’Âge Classique s’interrogent sur l’utilité de la fiction – et L’Histoire des Sévarambes en est un exemple des plus intéressants. S’inscrivant dans le sillage d’un Platon, qui donnait toute sa place à l’éducation dans La République, Veiras relie la fiction viatique à la nécessité de l’instruction du peuple. Voyager est une nécessité institutionnelle permettant l’acquisition de savoirs et d’expériences profitables à la communauté d’origine du voyageur. Cette ambition faisait d’ailleurs déjà partie des projets de la Maison de Salomon dans La Nouvelle Atlantide de Bacon. Dès lors, lire une utopie narrative devient un voyage par procuration: c’est une activité liant l’utile à l’agréable, puisque la somme des connaissances développées grâce à la lecture du récit de voyage devient un bénéfice pour le lecteur lui-même ainsi que pour la communauté dont il est issu.