« La Valse des adieux » : une fable pour l’avenir

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24 juin 2020

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Édouard Béguin, « « La Valse des adieux » : une fable pour l’avenir », Presses universitaires de Strasbourg, ID : 10.4000/books.pus.7125


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Dans le dernier numéro des Lettres françaises, daté du 11 octobre 1972, Aragon choisit de donner, en guise d’ultime éditorial, la nouvelle « La Valse des adieux », qui sera reprise plus tard dans le recueil Le Mentir-vrai. Comment comprendre, alors que la cessation de la parution du journal constitue une défaite politique majeure pour l’écrivain, que celui-ci ait décidé de finir par ce texte de fiction, dont le titre est le nom d’une romance oubliée du temps des crinolines ? On s’essaie ici à lire l’éditorial d’Aragon en privilégiant sa nature fictionnelle. Fiction de circonstance, au sens où l’écrivain avait entendu la poésie de circonstance au temps de la Résistance, la nouvelle intervient dans le dispositif du numéro d’adieu des Lettres françaises pour faire de son titre, tel que le motive l’ensemble du texte, la parole d’adieu d’un mourant qui refuse de simplement se résoudre au silence auquel on le contraint. La valeur de cette formule d’adieu, inventée non pas pour se taire mais pour continuer de parler dans le silence, est recherchée ici dans la facture même de la nouvelle, qui se donne à lire comme un art poétique de la fiction. Cet art poétique, complémentaire de celui de la nouvelle éponyme du Mentir-vrai, se signale dans le texte à partir de la trace de l’acte de réécriture de « La Valse des adieux », romance du chansonnier Gustave Nadaud (1820-1893). Partant de cette trace, qui atteste la présence-absence de l’auteur comme geste, on montre comment le texte de la nouvelle se constitue selon la logique d’une narration poétique, comme un cheminement dans les mots, où s’illustre une imagination romanesque retrouvée grâce à la rencontre vécue avec les mots de la chanson ancienne. La mise au jour de la pratique du mentir-vrai dans la nouvelle, indissociablement « pratique de la vie » et du langage, conduit ainsi à reconnaître que le mot de la fin des Lettres françaises, loin de se réduire à l’aveu d’une « vie gâchée », est tourné vers l’avenir et fait résonner l’affirmation d’une croyance intacte dans la puissance humaine du créer.

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