29 novembre 2017
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/restrictedAccess
Judith Wolf, « Des morgues aux chambres mortuaires : les reconfigurations du travail hospitalier autour des corps morts », Presses universitaires du Septentrion, ID : 10.4000/books.septentrion.17819
Cet article traite des transformations du statut du corps mort en milieu hospitalier. Fondé sur une recherche ethnographique sur le travail en chambre mortuaire, il montre que l’appréhension du corps mort est indissociable des pratiques professionnelles qui ont marqué sa prise en charge tout en leur restant fondamentalement irréductible.À partir de la fin du XVIIIe siècle, le développement de la médecine anatomo-clinique, en faisant du corps mort un lieu d’investigation scientifique, le construit comme une entité organique inerte. Devenu le premier lieu de décès en France, l’hôpital est aujourd’hui enjoint de s’occuper de ses défunts. Les morgues, centrées sur la pratique des autopsies, ont cédé la place à des « chambres mortuaires », services hospitaliers à part entière tout entiers dédiés à la prise en charge des morts et de leurs proches.Tour à tour appréhendé dans sa matérialité brute et identifié à la personne, le corps mort, objet hybride, kaléidoscope, apparaît comme le lieu de tensions entre des approches à la fois incontournables et irréconciliables.