15 mars 2019
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/restrictedAccess
Dag Henrichsen, « Un terrain solide ? Hans Schinz, la topographie du territoire africain et les fondements d’une carrière universitaire entre Zurich, Berlin, le Cap et Kew », Presses universitaires du Septentrion, ID : 10.4000/books.septentrion.32755
Le botaniste zurichois Hans Schinz (1858-1941) nous a laissé une masse de descriptions et d’archives concernant ses séjours de recherche réalisés de 1884 à 1886 à travers l’Afrique du Sud-Ouest. Son journal de bord détaillé, ses lettres de voyage au style incisif, ses articles écrits sur place pendant ses voyages ainsi que la monographie régionale Deutsch-Südwestafrika [L’Afrique allemande du Sud-Ouest] qu’il publie en 1891 en s’efforçant de systématiser, permettent d’avoir accès à ses stratégies de collectionneur et d’archiviste. Si on considère en outre que le bric-à-brac avec lequel il revient à Zurich au début de l’année 1887, qui comprenait de vastes collections, objets, artéfacts, données et observations relevant non seulement de la botanique mais aussi principalement de l’ethnographie, de la linguistique, de la cartographie, de la photographie, de la zoologie, de l’anthropologie et de la minéralogie, est en grande partie conservé, il en résulte un ensemble complexe d’archives relatives à la pratique scientifique de la fin du XIXe siècle. Il s’agit là, en plus des collections existantes dans leurs dimensions matérielles et hétérogènes, de toute la palette des processus intellectuels et empiriques se rapportant à la définition, l’appropriation, la contextualisation et la systématisation du savoir.En « mesurant » et en « excavant » en Afrique de façon synthétique le pays, les habitants et la nature, le terrain et la culture, grâce au crayon, au compas, à la pelle, aux jumelles et à l’appareil-photographique, Hans Schinz a posé de façon délibérée les fondements de sa carrière scientifique. Quand en voyage, il confie à sa mère à Zurich : « je ne rapporte ni or, ni pierre précieuse, je ne suis pas parti pour chercher ça ; pour moi, mes collections et mes notes ont plus de valeur que ça », il se situe en dehors des conceptions du savoir au niveau de la valorisation de « ses » collections pour le débat scientifique et sa carrière. La contribution développe les facettes de cette carrière scientifique.