20 décembre 2019
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Olivier Dard, « Henri Massis (1886-1970) », Presses universitaires du Septentrion, ID : 10.4000/books.septentrion.44448
Dans l’histoire de l’Action française et du maurrassisme, Henri Massis occupe une place à part. N’étant ni un doctrinaire ni une plume marquante du quotidien dans lequel il n’a pas écrit, il apparaît pourtant comme un des piliers de la galaxie maurrassienne, même s’il est négligé par les historiens et absent des anthologies. Pourtant, depuis ses premiers échanges épistolaires avec Maurras en 1912 et surtout son rapprochement avec l’AF au lendemain du premier conflit mondial, Massis a été en contact quotidien avec elle ; il a résisté, contre vents et marées, aux crises qu’elle a connues, à commencer par celle de la condamnation. Ce catholique militant, contrairement à son ami Maritain, a fait le choix de la fidélité au maurrassisme. Essentielle dans le parcours et la pensée de Massis, la dimension religieuse n’est pas la seule à devoir être prise en compte. Chez lui, la culture, l’esthétique et la littérature (de Bergson à Barrès) sont aussi des marqueurs de premier plan.Dès avant 1914, Massis est un critique littéraire dont les goûts et les choix, nets et assumés, annoncent les joutes contre André Gide et La NRF. A partir de l’entre-deux-guerres et de la publication de Défense de l’Occident (1927), il est aussi un essayiste politique reconnu. Pourtant, s’il est un homme de plume, on ne saurait le réduire à un homme de cabinet. Dans l’histoire de l’AF, il est tout à la fois un entraîneur et un entrepreneur culturel. Ainsi, dès la publication de la célèbre enquête d’Agathon, il fait montre de son goût pour la jeunesse, dont il est alors une des figures emblématiques, et il se place d’emblée, par un goût marqué pour les débats autour de la génération ou de la relation maître-disciple, comme un homme qui reçoit, diffuse mais aspire aussi à donner. Massis est en effet, après le premier conflit mondial, un remarquable éveilleur pour toute la Jeune droite. Il est aussi un entrepreneur culturel et politique via la rédaction de manifestes et surtout la mise sur pied de revues, du Roseau d’Or à la Revue universelle dont il est, avec Jacques Bainville, la principale cheville ouvrière.Figure majeure de la scène intellectuelle française, Massis est enfin un des maurrassiens les plus lus à l’étranger : ses ouvrages, à partir de Défense de l’Occident sont traduits (anglais, allemand, espagnol). Par la diffusion de ses idées mais aussi de ses récits et témoignages (en particulier sur Maurras), il peut être considéré comme une sentinelle et un ambassadeur de la culture maurrassienne.