23 novembre 2020
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Dolorès Lyotard, « Prestiges de la jalousie », Presses universitaires du Septentrion, ID : 10.4000/books.septentrion.62317
La littérature a fait de la jalousie un de ses paysages privilégiés. Or, les œuvres lues ici obligent à sortir des sentiers battus : s’y crayonnent des territoires étranges où, infaillible, l’intelligence ouvre à sang la vanité humaine. Tous ces écrivains - Madame de La Fayette, Bataille, Leiris, Michon, Quignard - sont rejetons modernes de la Déception courtoise : ils savent tout du désir qui trahit, manque son objet à l’instant où il croit le saisir. Aussi se hâtent-ils de jeter sur l’amour l’ombre qui le fera mourir. La jalousie est l’œil d’excès propre à leur écriture: il aveugle l’infini du désir, irradie ce chagrin de la limite, qui, versé à cette illimitation qu’est la Littérature, donne à la vie son air de légende, à la création, son prestige.