Écrire pour tout le monde

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2 mars 2021

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Muriel Mille, « Écrire pour tout le monde », Biens Symboliques / Symbolic Goods, ID : 10.4000/bssg.406


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Résumé Fr En Es

À partir de l’exemple d’un feuilleton télévisé français, cet article montre comment les scénaristes de séries intègrent les contraintes d’audience à la fabrication de fiction. Les auteur·ice·s se tiennent au courant des taux d’audience, même si la préoccupation pour les chiffres du public reste du ressort de la chaîne et du producteur. Elles-mêmes et eux-mêmes fortement diplôm·é·e·s et appartenant aux professions intellectuelles, ils et elles se représentent leur public comme plutôt populaire. Cette représentation sous-tend les règles d’écriture qu’ils se donnent et qui visent à attirer et captiver un public souvent perçu comme inattentif. Elle suppose aussi une croyance dans les effets de la télévision et dans sa capacité à susciter l’addiction. Or cette représentation n’est fondée ni sur une connaissance précise de leur public ni sur leur propre visionnage des programmes télévisuels. Le rapport des scénaristes à leur public est alors défini par la distance sociale qu’ils et elles éprouvent vis-à-vis de celui-ci. C’est en fonction de cette représentation qu’ils et elles revalorisent leur travail en fixant au feuilleton une mission pédagogique.

Drawing on the example of a French soap opera, PBLV, this article demonstrates how television screenwriters integrate audience constraints into the production of fiction. Writers take into account viewing statistics, although the main concern for audience numbers lies with the producer and the TV channel. Although they are themselves highly educated and in intellectual professions, they tend to consider their audience as being largely working class. This representation underlies the rules of screenwriting they apply, which aim to attract and captivate an audience that is often considered inattentive. It also supposes a belief in the effects of television itself and its power of addiction. Yet the representation is not based on either a precise knowledge of the audience, nor on the writers’ own television viewing habits. The attitudes screenwriters have towards their public is in fact defined by the social distance that separates them. This representation informs the way they valorize their work by imbibing the soap opera with pedagogic objectives.

A partir del ejemplo de una telenovela francesa de televisión, este artículo muestra cómo los guionistas de series integran las limitaciones de audiencia en la fabricación de la ficción. Los autores y autoras se informan de las tasas de audiencia, aunque la cuestión de las cifras de público continúa siendo competencia del canal y del productor. Las actrices y actores, en gran medida diplomados y de profesiones intelectuales, se representan su público como más bien popular. Esta representación subyace a las reglas de escritura adoptadas y que buscan atraer y cautivar un público que regularmente es percibido como inatento. Esta representación también implica una creencia en los efectos de la televisión y en su capacidad de suscitar adicción. Sin embargo, esta creencia no está fundada ni en un conocimiento preciso de su público ni en el visionado de programas televisivos. Así, la relación de los guionistas con su público es definida por la distancia social que ellos y ellas experimentan en relación con él. Es en función de esta representación que ellos y ellas revalorizan su trabajo otorgándole a la telenovela una misión pedagógica.

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