La constitution d’un canon de l’opéra en Europe au XIXe siècle

Fiche du document

Date

21 juillet 2021

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Relations

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2490-9424

Organisation

OpenEdition

Licences

info:eu-repo/semantics/openAccess , All rights reserved


Sujets proches Fr

Livres canoniques

Citer ce document

Christophe Charle, « La constitution d’un canon de l’opéra en Europe au XIXe siècle », Biens Symboliques / Symbolic Goods, ID : 10.4000/bssg.648


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En Es

Les multiples monographies sur l’évolution des répertoires des opéras en activité au XIXe et au XXe siècle permettent de mesurer statistiquement le processus de vieillissement croissant des opéras joués le plus fréquemment. La canonisation des succès anciens intervient principalement à partir de la seconde moitié du XIXe siècle et s’accentue au XXe siècle. Cette fermeture à la nouveauté tient aux coûts croissants de représentation, à l’émergence d’un panthéon de compositeurs très peu renouvelé au fil des générations et au rôle croissant des organisateurs de spectacle, des vedettes du chant et des directeurs de salle. La diffusion des airs les plus célèbres, qui rend particulièrement populaires certains compositeurs notamment en Italie (Verdi), en France (Gounod, Bizet), en Allemagne (Wagner), plus tard en Russie et en Europe centrale, incite aussi à la reprise constante dans les festivals ou les médias, pour les publics les plus larges, des œuvres sélectionnées progressivement par la postérité. Ce processus rappelle celui de l’émergence des grands maîtres de la musique classique ou du canon de la grande peinture avant la rupture de la modernité, mais il présente des spécificités qui tiennent aux pesanteurs d’un spectacle mobilisant plusieurs arts (théâtre, décor, costume, musique, danse) et à l’internationalisation précoce des œuvres les plus jouées. Quelques scènes de référence servent de bancs d’essai au futur processus de canonisation, qui est rarement remis en cause comme cela peut être le cas pour d’autres arts, moins dépendants des institutions des grandes capitales culturelles européennes. Pour autant ce canon n’est jamais définitivement stabilisé et n’exclut pas des abandons, notamment lorsque les conditions de production rendent impossibles certaines reprises d’œuvres autrefois centrales. Ce renouvellement à la marge implique une sélectivité très forte pour les nouveaux entrants et impose aux œuvres les plus novatrices une reconnaissance très progressive.

The numerous monographs centred on the evolution of the repertoires of nineteenth- and twentieth-century opera houses make possible a statistical measure of the increasing ageing process of the most frequently performed operas. The canonisation of early successes takes place mainly from the second half of the 19th century onwards and becomes more pronounced in the 20th century. This refusal of novelty is due to the rising costs of performance, to the emergence of a pantheon of composers that has been little renewed over the generations, and to the growing influence of show organisers, singing stars and theatre directors. The dissemination of the most famous arias, which made certain composers particularly popular, notably in Italy (Verdi), France (Gounod, Bizet), Germany (Wagner), and later in Russia and Central Europe, also encouraged the repeated performances, for the widest possible audiences at festivals or in the media, of works gradually selected by posterity. This process is reminiscent of the emergence of the great masters of classical music or painting before the advent of modernity, but it has its own specific features due to the weight of a show mobilising several arts (theatre, set, costume, music, dance) and the early internationalisation of the most frequently performed works. A few reference scenes serve as test beds for the future canonisation process, which is rarely called into question, as can be the case for other arts that are less dependent on the major European cultural capitals’ institutions. However, this canon is never definitively stabilised: discontinuation may still happen, particularly when the conditions of production make it impossible to revive works that were once central. This marginal renewal implies a very strong selectivity for new works and significantly slows down the recognition of the most innovative ones.

Las abundantes monografías sobre la evolución de los repertorios de óperas activas en los siglos XIX y XX permiten medir estadísticamente el proceso de envejecimiento creciente de las óperas más representadas. La canonización de los antiguos éxitos comienza sobre todo en la segunda mitad del siglo XIX y se acentúa en el siglo XX. Este rechazo a la novedad se debió al aumento de los costes de representación, a la aparición de un panteón de compositores que cambió muy poco a lo largo de las generaciones y al creciente papel de los organizadores de espectáculos, las estrellas del canto y los directores de teatro. La difusión de las arias más famosas, que volvió especialmente populares a ciertos compositores sobre todo en Italia (Verdi), Francia (Gounod, Bizet), Alemania (Wagner) y más tarde en Rusia y Europa Central, también impulsó la reposición constante en festivales o en los medios de comunicación, para el público más amplio posible, de obras seleccionadas poco a poco por la posteridad. Este proceso recuerda la aparición de los grandes maestros de la música clásica o del canon de la gran pintura antes de la ruptura con la modernidad, pero tiene sus propias especificidades que tienen que ver con el peso de un espectáculo que moviliza varias artes (teatro, escenografía, vestuario, música, danza) y la temprana internacionalización de las obras más representadas. Algunas escenas de referencia sirven de banco de pruebas para el futuro proceso de canonización, que rara vez se cuestiona, como puede ocurrir con otras artes menos dependientes de las instituciones de las grandes capitales culturales europeas. Sin embargo, este canon nunca se estabiliza definitivamente y no excluye la posibilidad de un abandono, sobre todo cuando las condiciones de producción hacen imposible revivir obras que en su momento ocuparon un lugar central. Esta renovación en los márgenes implica una gran selectividad para los nuevos entrantes e impone un reconocimiento muy progresivo de las obras más innovadoras.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en