29 novembre 2023
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João Domingues, « Le « moi » et la mémoire de la souffrance extrême », Carnets, ID : 10.4000/carnets.15098
Témoigner la souffrance extrême que représente un crime comme le génocide est un devoir : le devoir de mémoire des rescapés à l’égard de tous ceux qui ont disparu. Or, sa mise en récit dérange, quelle qu’en soit la forme adoptée, autobiographique, autofictionnelle ou autre. Dérange au premier chef l’auteur lui-même, obligé de « revivre » toutes les souffrances endurées en se les remémorant, puis le lecteur, aussi insensible soit-il.Centrée sur quelques récits du génocide de 1994 au Rwanda, notre réflexion vise, dans un premier temps, à questionner a possibilité d’un récit objectif alors même que la mémoire est travaillée par des violences extrêmes, subies ou infligées, et pour lesquelles ni les victimes ni les auteurs mêmes, assassins génocidaires avoués ne trouvent d’explication. On s’attachera ensuite à prendre en compte les conséquences réelles de ces mémoires, non seulement sur le rescapé, mais aussi sur tous les descendants des victimes, disparues ou encore en vie. On se demandera, enfin, à quoi bon garder en mémoire des événements d’une telle envergure ?