Des jardins pour maintenir l’ordre ? Enquête ethnographique dans un quartier populaire strasbourgeois

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26 mai 2021

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Romane Joly et al., « Des jardins pour maintenir l’ordre ? Enquête ethnographique dans un quartier populaire strasbourgeois », Carnets de géographes, ID : 10.4000/cdg.7610


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La littérature abonde sur les jardins partagés qui, depuis une dizaine d’années, verdissent nombre d’espaces urbains à travers le monde. Rejoignant des enjeux alimentaires et de durabilité urbaine, ces initiatives citoyennes sont présentées dans le discours politique et médiatique en vigueur en France comme l’accomplissement d’un « droit à la ville » par des habitants désireux de se réapproprier l’espace urbain. Pour autant, la fonction attribuée aux jardins partagés apparait moins définitive qu’il n’y paraît, dès lors que l’on s’intéresse à la diversité des espaces où ils se déploient ainsi qu’aux personnes impliquées dans leur création et leur fonctionnement. Une enquête ethnographique, menée entre 2016 et 2019 dans un quartier d’habitat social à Strasbourg, met en lumière le caractère disciplinaire conféré aux jardins partagés lorsqu’ils se rattachent à la politique de la ville et s’articulent à un projet de rénovation urbaine. Cet article montre ainsi que ces espaces participent, au sens foucaldien, au gouvernement des conduites des habitants en œuvrant sur trois niveaux principaux. Spatial d’abord, lorsque la végétalisation et l’ordonnancement du quartier sont mis au service de la tranquillité publique. Ensuite, en dédiant certains espaces au jardinage, il s’agit de définir des comportements qui y sont autorisés et de reléguer les populations jugées « déviantes » qui ne s’y conformeraient pas. Enfin, l’exhortation municipale, sous peine de sanction, à formaliser l’action collective des jardiniers, ici en se constituant en association, participe à imposer des comportements dont la dissonance avec les ressources dont disposent certains habitants menace d’exclusion les plus démunis et les moins acquis au projet.

A growing body of literature examines community gardens which, for a decade, are developing in cities across the world. Valued for embracing sustainable and social concerns, political and media discourses in France tend to associate these initiatives with a “right to the city” claimed by urban dwellers. However, this assessment is nuanced as soon as one investigates the spatial and social discrepancies existing between those gardens, that is, the places in cities where they are located and the people involved in their management. An ethnographical research, conducted between 2016 and 2019 in a working-class neighborhood of Strasbourg, reveals the disciplinary mechanisms at play when community gardens are articulated with top-down social policies and urban renewal projects. Using a foucaldian lens, this article demonstrates the governing of people’s behaviors through and by these urban spaces. First, the greening and ordering of the neighborhood is primarily about safeguarding public security and order. Second, allocating space for gardening participates in defining which practices and behaviors are allowed or not, and in relegating those accused of deviance. Finally, encouraging – under constraint – gardeners to formalize a community organization consists of imposing certain behaviors and contributes to excluding the most deprived ones.

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