30 avril 2006
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Alain Blondy, « Chypre ou l’Europe aux portes de l’orient », Cahiers de la Méditerranée, ID : 10.4000/cdlm.653
Chypre est le pays européen à l’histoire la plus riche, la plus contrastée, la plus difficile. Pays européen de l’Orient, colonisé pendant trois siècles par les Latins, puis encore trois siècles par les Ottomans, et enfin un siècle par un autre pays européen, la Grande-Bretagne, il n’est un Etat que depuis moins d’un demi-siècle. Le fait religieux lui a tenu, pendant tout ce temps, d’identité : orthodoxe contre les Latins, il s’est divisé, avec les Ottomans, entre la très grande majorité restée chrétienne et une minorité convertie à l’Islam. Lors du soulèvement grec de 1821, Chypre crut au panhellénisme ; mais alors qu’en Grèce une tradition libérale, rattachée aux idées de la Révolution française, contrebalançait le discours intéressé des Russes sur la panorthodoxie, Chypre n’entendit que ce dernier, manquant ainsi le train de la modernité du XIXe siècle. Au XXe siècle, le discours sur la décolonisation masqua un instant ce retard, mais seul Makarios évolua et crut à une réelle indépendance. Aujourd’hui, les vieux démons historiques troublent l’avenir. L’entrée dans l’Union européenne semble l’ultime chance à saisir.