11 juin 2014
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Catherine Durandin, « Ulysse et les Roumains », Cahiers balkaniques, ID : 10.4000/ceb.4929
Je propose un chemin de mémoire autour du thème du voyage tragique quand espace antique, Grèce et Roumanie se rejoignent en des temps éclatés, des réminiscences de l’Antiquité à nos jours. Le voyage, c’est celui de l’écrivain juif roumain Benjamin Fondane qui abandonne sa Roumanie antisémite pour offrir un long poème de l’exil en langue française, Ulysse. Le voyage tragique, c’est celui de Laetitia et de Julien, unis par le hasard à Bucarest en décembre 1989, retrouvés par le hasard à Bucarest vingt ans plus tard, pour être séparés par la mort de Julien frappé dans un attentat à Constantza. Mais la tragédie a ses vagues d’incontournable tendresse, celle de la mère de Julien, la mère entre la plainte et la révolte contre la mort, la mère de la tragédie, de Andromaque à la Nounou universelle. La tragédie grecque nourrit ici le paysage roumain contemporain, de Bucarest à Constantza, et la plainte terrible du deuil quand la mort gagne contre l’ancrage de l’amour.