30 juin 2020
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André Combes, « Une cinématographie de la contre-culture politique ouvrière : la trilogie de Christian Ziewer – Liebe Mutter, mir geht’s gut (1971) ; Schneeglöckchen blühen im September (1973) ; Der aufrechte Gang (1975) – et son contexte », Cahiers d’études germaniques, ID : 10.4000/ceg.8037
Dans le sillage du mouvement étudiant de contestation radicale de l’État ouest-allemand et de sa politique, la première génération des étudiants de la Film- und Fernsehakademie berlinoise (créée en 1966) tenta de promouvoir une contre-culture cinématographique qui proposait entre autres de nouvelles représentations filmiques de l’espace social et des conflits multiples qui le traversaient au tournant des années 1960-70. De cette génération seront issus, hors circuits de production dominants, les premiers films de fiction à base documentaire de Christian Ziewer. Ils mirent en scène – avec des images soigneusement travaillées par les cadrages, le montage et la voix off – l’habitus de travail et de résistance d’une classe ouvrière berlinoise, y compris immigrée, qui était totalement absente du cinéma de ces années-là. Ils placèrent ainsi la contre-culture politique des grèves « sauvages », qui remodelait l’espace oppositionnel de l’usine, au centre de la représentation cinématographique. En filmant des scénarios écrits avec des ouvriers et en utilisant massivement les « gueules » et la diction d’acteurs non professionnels, la caméra de Ziewer se proposait d’être au plus près d’un réel d’usine dont le cinéma avait à rendre visible et lisible à la fois la force et les contradictions.