4 mars 2005
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Ignace LEVERRIER, « L’arabie saoudite, le pèlerinage et l'Iran », Cahiers d’études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien, ID : 10.4000/cemoti.137
Dès l'instauration du régime islamique en Iran, en 1979, le hadj annuel aux lieux saints musulmans de la Mecque et de Médine est devenu l'occasion d'affrontements récurrents entre pélerins iraniens et policiers saoudiens. Arguant de son caractère obligatoire pour l'accomplissement du rite, les premiers ont fait de l'« exécration des païens » l'occasion de vilipender la famille des Al Saoud et ses « parrains américains ». Dénonçant une « hérésie », les seconds ont eu recours à tous les moyens pour prévenir une manifestation qui suscitait le doute sur la capacité des Saoudiens à gérer seuls les sanctuaires de l'Islam. Au-delà de l'hostilité traditionnelle entre Arabes et Persans, entre sunnites et chi'ites, cet affrontement symbolisait de manière emblématique la compétition que la monarchie saoudienne et le régime des mollahs se livraient au même moment, sur plus d'un continent, pour affirmer la légitimité de leur leadership sur la communauté musulmane. Un arrangement qui « sauvait la face » des deux parties a finalement été trouvé en 1995. Rendu possible par l'amorce d'un dialogue politique entres les dirigeants des deux pays, il a confirmé que le conflit comportait d'autres dimensions : une divergence de stratégies entre les différentes forces au pouvoir à Téhéran et l'affrontement des ambitions hégémoniques rivales de l'Arabie Saoudite et de l'Iran dans le Golfe et dans la région.