14 mai 2006
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Jean-Paul BURDY, « La ville désenchantée ? Sécularisation et laïcisation des espaces urbains français (Milieu XIXe‑Milieu XXe s.) », Cahiers d’études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien, ID : 10.4000/cemoti.1693
La sécularisation des espaces urbains français (entendus ici comme enveloppe bâtie et espaces sociaux) est le résultat d'un processus qui s'étend sur près de deux siècles. La Révolution a amorcé un premier seuil de laïcisation, amplifié ultérieurement par les grandes lois républicaines des années 1880 (en particulier les lois scolaires), puis la loi de "grande séparation" des Eglises et de l'Etat de 1905. Mais l'Eglise catholique a développé, du milieu du XIXe jusqu'au milieu du XXe siècle, des formes successives d'intervention dans la société urbaine et industrielle, pour lutter contre une déchristianisation réelle, mais inégale et apparemment non inéluctable : construction de nouvelles églises, structures associatives paroissiales, puis action catholique spécialisée, puis missions et prêtres-ouvriers dans les banlieues, etc. Ceci lui a permis parfois de reconquérir des espaces perdus, plus souvent de retarder une laïcisation qui semble actuellement achevée; et alors que l'islam a été, dès l'origine, très marginalisé. Il paraît donc possible d'établir pour le cas français, et même si les variables régionales ne peuvent être sous-estimées, une corrélation forte entre urbanisation et laïcisation du corps social. Pour autant, la ville française n'est peut-être pas aussi désenchantée qu'il y paraît.