Les traders peuvent-ils provoquer des krachs ?

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16 septembre 2013

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L’affaire Kerviel emprunte son nom au jeune trader accusé puis condamné comme auteur d’un système de fraude dont on estime qu’il a coûté près de cinq milliards d’euros à la Société Générale qui l’employait jusqu’au mois de janvier 2008. Mais à l’occasion de cette affaire sont mis en cause également la carence des contrôles internes de la banque, la responsabilité des supérieurs hiérarchiques directs de Kerviel ou encore la légitimité des profits issus des activités de marché. L’affaire se présente autrement dit comme une épreuve à laquelle sont soumises des normes, des catégories et des valeurs relatives à l’activité financière et justiciables en tant que telle d’une approche de sociologie pragmatique. Le présent article emprunte cette perspective en observant comment, dans le cours même des événements, les acteurs eux-mêmes problématisent la question de la « délinquance » financière et plus généralement le rapport des élites financières à la légalité. Or, cette observation dévoile que si la personnalisation de l’affaire suscite le scepticisme, la construction d’autres formes de responsabilités rencontre également des obstacles importants. Le rapprochement de l’affaire Kerviel avec d’autres affaires présentant des caractéristiques proches (l’affaire française du Crédit Lyonnais en particulier) permet de comprendre les difficultés que rencontrent les opérations de dénonciation en période de « crise » et lorsque les entités en cause sont de nature bancaire et financière. La difficulté à dépersonnaliser doit être plus particulièrement mise en rapport avec le processus d’endogénéisation du contrôle et avec les choix politiques en matière de régulation opérés au cours des trente dernières années.

The Kerviel case took the name of the young trader, accused and condemned because he created a fraud system, which caused losses estimated to 5 billion euros for Société Générale, the bank that employed him until January 2008. However, are also implicated in this case the lack of internal controls, the responsibility of Kerviel’s direct supervisors or the legitimacy of profits coming from financial market activities. In other words, this affair also invites us to consider the latter as an event to which norms, categories and values are referring to finance and justifies a sociological pragmatic approach. This article takes this perspective, observing how, in the same course of events, the actors themselves problematize the issue of “delinquency” and more generally the connections of the financial elites to legality. However, this observation reveals that this individualizing interpretation of the case raises skepticism, building other responsibilities, and also faces significant obstacles. The combination of the Kerviel case with other cases with similar characteristics (the French Credit Lyonnais scandal in particular) allows to understand the difficulties of describing responsibilities during financial crises and when the entities involved are banking and financial nature. The difficulty to depersonalize this case should be related to the process of endogenization of control and to the policy choices made in financial regulation over the last thirty years.

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