7 février 2022
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Adriana Decu, « Écrire ailleurs sur les prisons communistes », reCHERches, ID : 10.4000/cher.10118
Outre l’utilisation inattendue du champ de la mémoire (où vacillent les notions de réalité, de vérité, de sincérité, de fiction), la littérature carcérale subit l’influence d’un certain esprit donquichottesque. Elle questionne des réalités encore vivantes sous régime totalitaire et se propose de ‘rendre justice’ aux victimes dont les voix ne seraient jamais entendues. Toute littérature carcérale comprend une dimension auto-fictionnelle (l’autofiction n’est pas l’antonyme de la réalité mais son interprétation subjective), une dimension éthique (il s’agit d’une forme d’art engagé). En matière d’évocation de l’horreur communiste, Paul Goma fait figure d’Alexandre Soljenitsyne des Roumains. Dissident anticommuniste, personnalité controversée de l’exil, il a montré dès sa jeunesse un esprit frondeur. Expulsé du pays en 1977, il a obtenu l’asile politique en France et y a continué sa lutte contre le régime communiste roumain. La passion selon Pitești ou Les chiens de mort, Hachette, 1981 – fait le bilan de ses expériences carcérales. Trop jeune pour avoir subi la rééducation de Pitesti, Goma utilise, pour la vraisemblance de son texte les mémoires de survivants : Gheorghe Calciu et Dumitru Bacu. Le roman se constitue en forme de thérapie, il tente d’attribuer aux horreurs de Pitesti un sens suprême, d’y déchiffrer les signes d’une épreuve spirituelle. Leur traversée assurera aux détenus l’accès à un niveau supérieur de connaissance, le plus souvent de nature religieuse.