Échec et mat ! Constat d’échec et imprécation contre le triomphalisme du storytelling chez Fernando Vallejo

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21 février 2022

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Lionel Souquet, « Échec et mat ! Constat d’échec et imprécation contre le triomphalisme du storytelling chez Fernando Vallejo », reCHERches, ID : 10.4000/cher.11961


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Depuis la publication de son premier roman, Los días azules, en 1985, Fernando Vallejo fait le constat bien pessimiste de l’échec de la démocratie colombienne. Condamnant les hypocrisies de l’Église catholique comme celles de l’intelligentsia de gauche, renvoyant dos à dos les partis de gauche comme de droite, Vallejo dénonce la perte des valeurs, l’incurie et le cynisme, la corruption et surtout le storytelling, discours triomphaliste et mensonger des politiciens. Mais Vallejo fustige aussi une population qui contemple machinalement le spectacle du monde, abêtie par la médiocrité des médias et aliénée par la société de consommation. D’une implacable intransigeance, ses autofictions lui permettent aussi d’explorer la – sa – famille comme noyau névrotique et explosif, au cœur d’une société chaotique, et de constater l’échec de la psychanalyse. Extrapolant le cas colombien, il fait de Medellin la métaphore de l’« ensauvagement » du monde, constatant l’échec de l’humanisme. Face à la défaite des idéologies, l’affirmation de la première personne autofictionnelle, le stream of consciousness nostalgique et la prolifération imprécatoire parviendront-ils à mettre le storytelling en échec ?

Desde la publicación de su primera novela, Los días azules, en 1985, Fernando Vallejo constata con pesimismo el fracaso de la democracia colombiana. Condenando las hipocresías de la Iglesia católica como las de la intelligentsia de izquierda, acusando tanto los partidos de izquierda como los de derecha, Vallejo denuncia la pérdida de los valores, la incuria y el cinismo, la corrupción, y sobre todo el storytelling, discurso triunfalista y mentiroso de los políticos. Pero Vallejo fustiga también a una población que contempla mecánicamente el espectáculo del mundo, atontada por la mediocridad de los medios de comunicación y alienada por la sociedad de consumo. Sus autoficciones, de una implacable intransigencia, le permiten también explorar la – su – familia como núcleo neurótico y explosivo, en medio de una sociedad caótica, y constatar el fracaso del psicoanálisis. Extrapolando el caso colombiano, hace de Medellín la metáfora del “salvajismo” del mundo, y observa el fracaso del humanismo. Frente a la derrota de las ideologías ¿podrán la afirmación de la primera persona autoficcional, el stream of consciousness nostálgico y la proliferación imprecatoria hacer fracasar el storytelling?

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