1 décembre 2021
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Benoît Santini, « Crise économique et misère sociale dans Roble huacho (1947) de Daniel Belmar (Chili) », reCHERches, ID : 10.4000/cher.3537
Dans Roble Huacho (1947), le romancier chilien Daniel Belmar évoque les effets dévastateurs de la crise économique (en particulier, la crise du salpêtre) qui a durement touché le Chili (1928-1933). À travers le prisme de son héros, un pharmacien modeste, Belmar insiste sur les conditions de vie précaire des couches les plus humbles de la population. Les spécificités discursives, fondées sur des récurrences et insistances (« Tengo muy poco dinero », « no hay dinero »), et les allusions obsessionnelles à la crise (« ¿cuándo pasará esta maldita crisis ? », « Es la crisis ») contribuent à brosser un amer portrait de la société de l’époque. Les indigents, particulièrement touchés par la crise, le sont aussi par la maladie, la laideur, la déformation et la décomposition qui envahissent le discours narratif et sont une conséquence directe de la récession. À travers le prétexte de la fiction, et une énonciation marquée du sceau de la solitude, de l’angoisse et de la nostalgie, le romancier dénonce avec virulence les inégalités de la société chilienne ainsi que le monde de la justice et les médecins. Nous nous demanderons dans quelle mesure l’écriture narrative de Belmar se présente comme une arme capable de lutter contre la crise et la misère et verrons comment ce roman parvient à « éclairer le concept de crise », pour reprendre les propos d’Edgar Morin.