Declaración de un vencido

Résumé 0

Le roman autobiographique Declaración de un vencido (novela social) publié en 1887 d’Alejandro Sawa (1862-1909), romancier, chroniqueur et bohème, connu pour ses amitiés avec Paul Verlaine, Rubén Darío et Valle-Inclán, offre le témoignage virulent d’un jeune homme de lettres idéaliste, Carlos Alvarado Rodríguez arrivé à Madrid pour se former et se faire un nom. Le récit de son expérience se place sous le signe de l’échec qu’il impute à une société impitoyable et déshumanisée. Roman de la crise, augurant celle de 1898, Declaración de un vencido, saisit le lecteur par l’agonie de son protagoniste, Carlos Alvarado Rodríguez, révolté, en état de crise constante (« No tiene idea de la crisis que me trabaja » confesse-t-il) et qui finira par se suicider. Declaración de un vencido, sorte de roman moderne d’apprentissage inversé, déformé, n’augure-t-il pas également, de par sa structure fragmentaire et son style, la future « crise du roman » de 1902 où le désenchantement et le pessimisme – « la pasión del desánimo » selon l’expression de Jorge Urrutia – guideront les pas des personnages (Antonio Azorín du roman La voluntad d’Azorín en sera le parfait représentant ou Fernando Ossorio de Camino de perfección de Pío Baroja) ? Enfin, dans ce roman autobiographique, Alejandro Sawa, à peine âgé de 25 ans, ne désire-t-il pas mettre en garde les jeunes écrivains gonflés d’illusion contre les dangers d’un choix de vie hasardeux, orienté vers l’idéal de l’Art ? Une mise en garde qui animait déjà la préface de son premier roman naturaliste, La mujer de todo el mundo publié en 1885. Nous analyserons donc les manifestations de ce concept de crise dans l’œuvre à plusieurs niveaux : social, historique (réquisitoire contre la société de la Restauration) et littéraire (le pessimisme et l’échec du personnage, une structure romanesque qui s’achemine vers la fragmentation).