Des cruautés honteuses ?

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17 mai 2023

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Laurent Ropp, « Des cruautés honteuses ? », Chrétiens et sociétés, ID : 10.4000/chretienssocietes.9489


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Les violences commises par les réformés du temps des guerres de Religion entrent en contradiction avec le récit victimaire du passé huguenot construit par les historiens protestants des années 1830-1960. Cet article a pour objectif de comprendre la manière dont les héritiers de la Réforme qui écrivent l’histoire de leur communauté au cours de cette période font face aux cruautés potentiellement honteuses de leurs pères. Fondée principalement sur 26 ouvrages d’histoire du christianisme et du protestantisme, cette enquête examine, en particulier, les relations de l’iconoclasme huguenot, des violences perpétrées par le baron des Adrets, de l’assassinat du duc de Guise par Jean Poltrot de Méré et du massacre de catholiques à Nîmes en 1567 (la Michelade). Les historiens protestants, qui expriment fréquemment leurs sentiments sur le passé, condamnent très largement les excès de leurs coreligionnaires durant les troubles civils et religieux du xvie siècle. Cependant, dans les sources consultées, seul le pasteur François Puaux met en valeur sa honte à propos de l’iconoclasme et de la Michelade. Cette posture originale s’explique sans doute à la fois par le style vibrant de l’auteur et par son souci de rendre convaincante sa dénonciation de la férocité des « papistes ». De manière générale, les historiens rendent compte des actes de leurs prédécesseurs en s’efforçant de maintenir la tonalité victimaire de l’épopée huguenote : ils soulignent les circonstances atténuantes permettant de comprendre les violences des calvinistes, présentent le baron des Adrets et Poltrot de Méré comme des cas particuliers qui ne déshonorent pas la Réforme, et s’efforcent d’innocenter les théologiens et les chefs protestants.

The violence committed by the Reformed during the Wars of Religion contradicts the victim narrative of the Huguenot past constructed by Protestant historians from the 1830s to the 1960s. This article aims to understand how the heirs of the Reformation who write the history of their community during this period deal with the potentially shameful cruelties of their fathers. Based mainly on 26 works on the history of Christianity and Protestantism, this investigation examines, in particular, accounts of Huguenot iconoclasm, the violence perpetrated by the Baron des Adrets, the assassination of the Duke of Guise by Jean Poltrot de Méré and the massacre of Catholics in Nîmes in 1567 (la Michelade). Protestant historians, who frequently express their feelings about the past, widely condemn the excesses of their coreligionists during the 16th-century civil and religious unrest. However, in the sources consulted, only the pastor François Puaux highlights his shame about iconoclasm and la Michelade. This original stance can probably be explained both by the author’s vibrant style and by his concern to make his denunciation of the ferocity of the « papists » convincing. In general, historians report the actions of their predecessors by trying to maintain the victim tone of the Huguenot epic : they underline the extenuating circumstances that make it possible to understand the violence of the Calvinists, present the Baron des Adrets and Poltrot de Méré as special cases that do not bring the Reformation into disrepute, and try to clear the Protestant theologians and leaders.

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